A Bordeaux, la pollution atmosphérique fait perdre
aux habitants 5 mois d'espérance de vie. C'est
ce qui ressort d'un programme européen, baptisé
Aphekom, sur les conséquences de la pollution aux
particules fines sur la santé.
Les résultats de cette étude, publiés
mercredi 2 mars, tombent au moment où la France,
et notamment le Sud-Ouest, est en proie à un pic
de pollution qui n'en finit pas. Ce lundi encore, l'agglomération
bordelaise a dépassé le seuil d'information
et de recommandations, qui se situe à 80 µg/m3.
Pollution annuelle moyenne dans les villes françaises
testées
Marseille (12ème position) : 18,5 µg/m3
Lille (13ème) : 16,6 µg/m3
Strasbourg (14ème) : 16,6 µg/m3
Lyon (15ème) : 16,5 µg/m3
Paris (16ème) : 16,4 µg/m3
Bordeaux (17ème) : 15,7 µg/m3
Rouen ((19ème) : 15,3 µg/m3
Le Havre (20ème) : 14,5 µg/m3
Toulouse (21ème) : 14,2 µg/m3
La situation est bien moins dramatique qu'à Bucarest
(Roumanie) où les habitants perdent plus de trois
ans d'espérance de vie à cause de cette
pollution, mais elle est tout de même préoccupante.
Seule la ville de Stockholm (Suède) est sous la
valeur moyenne annuelle de 10 µg/m3 préconisée
par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
A Bordeaux, qui fait partie des 25 villes dans lesquelles
les mesures ont été effectuées, la
moyenne annuelle est de 15,7 µg/m3. Les chercheurs,
qui ont calculé l'impact de ces mesures sur l'espérance
de vie, estiment que si l'on ramenait cette valeur à
10 µg/m3, la population de plus de 30 ans gagnerait
5 mois de vie.
* Maladies chroniques
Mais la réduction de l'espérance de vie
n'est pas la seule conséquence de cette pollution
aux particules. Celles-ci mesurant moins de 2,5 microns,
elles sont respirables et pénètrent profondément
dans l'organisme, pouvant affecter les voies respiratoires
et le cur. Elles sont donc cause de maladies telles
que l'asthme, les bronchites chroniques et peuvent favoriser
les maladies cardio-vasculaires.
Selon Le Monde, si l'on prend en compte le nombre de
personnes soumises à cette pollution, l'exposition
aux particules fines est même le premier facteur
de risque d'attaques cardiaques, devant l'exercice physique,
l'alcool, le café, l'activité sexuelle et
les drogues...
Alors d'où viennent ces particules et pourquoi
ne peut-on pas s'en débarrasser en ce moment ?
Car il s'agit d'une pollution d'hiver. Elle est générée
par la circulation automobile, le chauffage et l'activité
industrielle. Cet excédant de particules reste
en suspension lorsque le temps est beau et sec, sans vent
et que l'écart de température entre le jour
et la nuit est élevé. Exactement les conditions
du moment.
Il ne fait donc pas bon s'aérer les poumons en
ce moment en France, et en particulier à Bordeaux.
D'autant que cette pollution, en plus de ses effets néfastes
sur la santé, a un coût. Et pour la première
fois, il a été chiffré. L'hospitalisation
des malades de la pollution et les journées de
travail perdues coûtent au total 31,5 milliards
d'euros par an.
* Volonté d'amélioration
Pour améliorer la situation, Bordeaux, avec Lyon,
Grenoble, Nice, Clermont-Ferrand, Aix-en-Provence et Plaine
Commune (Seine-Saint-Denis), est volontaire à lappel
du ministère de lécologie pour expérimenter
les zones daction prioritaires pour lair (ZAPA).
Il s'agit notamment d'interdire leur accès aux
véhicules les plus polluants en 2012. L'instauration,
très disputée, d'un péage urbain,
fait également partie des mesures envisagées
pour améliorer la qualité de l'air des agglomérations
de plus de 300.000 habitants qui se portent volontaires.
Mais pour le moment, seules les villes de Stockholm et
Londres ont mis en place ce péage.
Cela devrait être plus efficace que le dimanche
sans voiture dont doivent pour le moment se contenter
les Bordelais